Les relais communautaires : des prestataires incontournables pour le FBP-Gratuité


Rencontrés soit dans la communauté ou au site des centres de santé (CDS) lors des références qu’ils font tous les jours au profit des demandeurs de services, certains agents de santé communautaire (ASC) nous ont relaté la façon dont ils s’acquittent de leur tâches. Ici, l’ASC1 et ASC 2 s’entretiennent avec « le Bulletin Le Panorama ». Leurs propos ont été recueillis en kirundi et traduits ensuite en français

Le Panorama : Quelles sont tes principales responsabilités en tant qu’ASC ? (……..)

ASC1 : Mon rôle est de recenser et sensibiliser surtout les cas relatifs aux femmes enceintes, les enfants de moins de cinq devant bénéficier de la gratuité des soins, les enfants en âge d’être vaccinés, etc, pour qu’ils se rendent aux structures de soins pour demande de services, chacun en ce qui le concerne. Dans beaucoup de cas, nous, les agents de santé communautaire, nous les y accompagnons car il est des cas où, en cours de route, peuvent avoir besoin d’une quelconque aide.
 
Le Panorama
: Insistons un peu sur les femmes enceintes : qu’en dites-vous ? Que doivent-elles faire ?

ASC1 : Nous les exhortons à aller faire des consultations prénatales et post natales (CPN, CPoN) à un rythme régulier et recommandé selon le protocole. C’est un travail que nous faisons de porte-à-porte, pour expliquer aux femmes d’aller consulter chaque fois que de besoin, et autant que possible, se faire accompagner par son conjoint.
 
Le Panorama : Est-ce que vous-mêmes, vous accompagnez la femme enceinte au centre de santé ?

ASC1: Bien sûr que nous les accompagnons, et elles sont bien accueillies, et ce sans aucun frais.
 
Le Panorama : Une fois que votre cliente accouche, est-ce que votre rôle n’est pas fini ?

ASC1: Pas du tout ! A partir du jour où la femme accouche, nous lui conseillons régulièrement de faire faire des consultations post natales telles que recommandées par les spécialistes en la matière. Ce travail est parfois difficile car il y a des femmes avec des idées préconçues comme quoi une CPoN équivaut à se faire appliquer une quelconque méthode de contraception, sans son consentement. Nous leur expliquons qu’il n’en est rien. Au contraire.
 
Le Panorama : Que leur dites-vous exactement ?

ASC1 :
Nous leur disons que c’est plutôt une occasion où les prestataires de soins leur prodiguent des conseils et leur offrent des provisions médicales au cas où elles en auraient besoin. D’autres encore affirment ne pas éprouver un quelconque souci car elles ne sentent rien de gênant. Car en effet, il y a des diagnostics qui dépassent notre niveau, comme par exemple des complications liées à l’utérus, les trompes, etc….d’où nous leur recommandons d’aller se faire consulter.
 
Le Panorama : Si une femme a déjà son bébé dans les bras, votre rôle se termine là ?

ASC1 : Non !!! Nous ne cessons de leur prodiguer des conseils tel que « ne rien donner d’autres à leurs enfants que le lait maternel, jusqu’ à 6 mois ». Nous y insistons pour que l’enfant ne soit nourri dans la mesure du possible que du lait maternel uniquement, et pas autre chose, encore moins de l’eau. Sinon, l’enfant est exposé aux risques des parasites intestinaux. Enfin, nous les sensibilisons sur une autre étape importante, à savoir, celle de suivre et respecter toutes les étapes de vaccinations jusqu' à au moins une année et dix-huit mois.
Depuis un certain temps, le niveau communautaire du financement basé sur les performances, FBP, a intégré des agents de santé communautaire Batwa, soit par élection par les pairs, soit par cooptation. Ainsi, au centre de santé Nyabugimbu, en commune Mugina, dans le district Sanitaire de Cibitoke, il y a 5 ASC dont 3 de la communauté Batwa. Un d’entre eux, avec une expression plus qu’à l’aise, se prénomme Innocent. Il résume l’étendue de son travail comme relais communautaire.

Le Panorama : Bonjour, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
 
ASC2 : Mon nom, c’est Hacimana Innocent, ASC Mutwa, de la sous colline Nkiranya, colline Mwararangabo. Je suis en charge de la sensibilisation et de l’encadrement d’un village abritant environ à 70 ménages, environ 300 personnes.
 
Le Panorama : Est-ce que tu es chargé de sensibiliser uniquement les ménages Batwa ?

ASC2 : Je ne fais aucune distinction. A la fois les Bahutu, les Batutsi et les Batwa, telle est ma cible lors de mes activités de sensibilisation sur diverses questions de santé.
Le Panorama : Est-ce que les 2 autres communautés autres que la tienne respectent et mettent en œuvre tes conseils ?
 
ASC2 : Parfaitement, et c’est moi-même qui les accompagne à l’hôpital ou au centre de santé si besoin il y a.
 
Le Panorama : Peut-on comprendre que les Batwa de ton village marchent au même rythme de compréhension que les autres sur des questions de santé que les autres ? N’y a-t-il pas de quelconques entraves ?
 
ASC2 : Il n’y a aucun obstacle. Lors de nos activités de sensibilisation, lorsque nous menons des sensibilisations envers les femmes enceintes pour les inciter à faire faire des CPN durant les 3 premiers mois de la grossesse, je réunis les femmes Batwa, les femmes Hutu et les femmes Tutsi, et le résultat est toujours positif. Si la santé des enfants se porte bien, c’est à l’avantage de la famille, et par conséquent, le pays gagne. L’enfant grandit éveillé, et n’éprouvera certainement aucune difficulté dans sa scolarisation. C’est l’ensemble de ses enfants, qui, demain, développeront le pays.
Le Panorama : Est-ce que les parents Batwa sont-ils sensibilisés sur l’importance des poudres de micronutriments (PMNs) ?
 
ASC2 : Bien sûr… c’est moi-même qui distribue ces poudres pour tous les enfants de 6 à 23 mois et dans toutes les communautés, Batwa, Bahutu et les Batutsi.

Par Célestin HICUBURUNDI
Expert en Communication
Copyright © 2013 Tous droits réservés. Base de Données du Financement Basé sur la Performance, Ministère de la Santé Publique et de la lutte contre le SIDA