Nécessaire symbiose de tous les intervenants pour une bonne mise en œuvre dynamique requise entre tous les maillons de la chaîne


Dans le cadre de la mise en œuvre du projet KIRA, le financement basé sur la performance (FBP) au niveau communautaire en arrive à sa deuxième phase d’extension. Il s’agit d’un outil de stimulation des performances qui fait de plus en plus des émules, tant au Burundi qu’à l’étranger.
 
A partir du mois d’avril 2022, le FBP communautaire est mis en œuvre dans treize provinces sanitaires du Burundi, dont cinq qui sont nouvellement introduites dans ce mécanisme à savoir Bubanza, Cibitoke, Cankuzo, Ruyigi et Ngozi. Dans ces provinces, des outils de mise en œuvre élaborés et traduits en langue nationale en 2018 y sont déjà introduits et des sessions de formation ont été déjà organisées en début de l’année 2022 en faveur des principales catégories d’intervenants. Ces derniers sont entre autres les groupements d’agents de santé communautaires (GASC), les techniciens de promotion de la santé (TPS) et/ou Infirmiers Points Focaux Santé Communautaire, etc., l’essentiel étant de démêler le rôle des uns et des autres pour éviter toute confusion possible lors de la mise en œuvre des activités, notamment en faisant une bonne circonscription des activités de chaque aire de santé.
 
FBP communautaire : bien arbitrer les organes des CDS

Les intervenants du FBP au niveau communautaire sont les Comités de Santé (COSA), les groupements d’agents de santé communautaire (GASC) et les mamans lumière (ML). Il y a aussi les associations locales (ASLO) et la population.
 
Selon le Manuel des Procédures de mise en œuvre du financement basé sur la performance, 2ème génération et la gratuité des soins, « la participation communautaire est un levier important pour stimuler l’émergence de réponses collectives aux problèmes de santé publique liés aux soins de santé primaires, à la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, infantile, aux adolescents, aux jeunes et adultes comme les IST, le SIDA, la tuberculose, le paludisme et autres »

C’est ainsi que certains groupes et des communautés locales s’impliquent volontairement et activement et à tous les échelons. Ils jouent un rôle important « pour canaliser la participation communautaire pour qu’elle soit un élément d’appui aux activités des structures de soins, et pour qu’elle permette de maintenir un dialogue constant entre les prestataires de soins et la communauté ». Par conséquent, les structures organisées représentatives de la communauté sont appelées à travailler en synergie, chacune en ce qui la concerne.
 
Les groupements d’agents de santé communautaire (GASC)
 
Les GASC sont organisés autour de l’aire de responsabilité d’un CDS et sont des prestataires secondaires. Ils ont pour mission de contribuer à la promotion de la santé dans la communauté et inciter cette dernière à utiliser les services de santé disponibles dans les formations sanitaires. Les GASC prennent en charge certaines pathologies au niveau communautaire et participent à la distribution à base communautaire de certains médicaments et contraceptifs. Les GASC sensibilisent aussi la population à des changements de comportements en relation avec l’hygiène de vie.

Les Associations locales (ASLO)

Le rôle clé des ASLO est d’authentifier les données des prestations des FOSA et des GASC au niveau de la communauté et d’en apprécier le degré de satisfaction de la population à l’aide d’un questionnaire administré dans les ménages utilisateurs des services. Ils recueillent la voix de la population dans l’organisation et la gestion des soins et services de santé.

La population

Pour une bonne mise en œuvre du FBP communautaire, le rôle de la population bénéficiaire se retrouve dans son utilisation des services de santé et son expression en termes de satisfaction au cours des enquêtes communautaires. Une autre attente envers la population réside dans sa capacité de proposer des changements nécessaires.
Cas de quelques aires sanitaires où le PBF est nouvellement introduit

Provinces sanitaires de Bubanza et Cibitoke
 
Les organes ci-haut évoqués collaborent avec fluidité, mais ils n’ont pas le même cahier de charges surtout en ce qui concerne le soutien aux services liés à la gratuité pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.

Dans quelques formations sanitaires des Provinces sanitaires de Cibitoke et de Bubanza où une équipe du Projet Kira est passée au mois de mai 2022, le constat partagé par les staffs des CDS rencontrés est que les mamans-lumières (ML) se chargent des questions de nutrition et, de ce fait, se posent comme des auxiliaires des ASC et les complètent. La problématique des maladies liées à la malnutrition constitue leur champ de prédilection. Il en est de même pour les techniciens de promotion de santé (TPS) dont l’un des rôles est d’encadrer les GASC, les COSA et les ML, spécifiquement sur des questions en rapport avec l’hygiène et la nutrition.
 
Une attention particulière aux nouveaux-venus dans le FBP
 
Le processus d’extension du FBP communautaire a commencé par des sessions de formation des formateurs qui ont eu lieu à l’intention des staffs des BPS, CPVV, BDS au mois de février 2022 à Kayanza. Il s’en est suivi la formation des membres des GASC et TPS dans leurs provinces respectives.
 
Lors de ces formations, les thèmes abordés étaient notamment (i) les rôles et responsabilités des acteurs de mise en œuvre du FBP Communautaire, (ii) le système de vérification dans le cadre du FBP communautaire, (iii) la collaboration entre le GASC et Mamans Lumières, (iv) l’utilisation des fonds par les GASC, (v) le règlement des litiges et conflits et d’autres ont été abordés.
Il est à noter que les agents de santé communautaire sont actuellement à leur cinquième mois de prestation sous un contrat FBP.
 
Ce faisant, l’expérience a montré que c’est à cette période que des difficultés naissent sur terrain entre les différents acteurs notamment entre : (i) les agents de santé communautaire et les membres des COSA, (ii) entre les agents de santé communautaire et les prestataires des centres de santé, (iii) entre les agents de santé communautaire et les administratifs à la base, (iv) entre les agents de santé communautaire et les Mamans lumières, etc. Cela est surtout dû à une divergence d’intérêt et au degré de motivation.
 
C’est pour cette raison que la CT-FBP a entrepris un travail de sensibilisation à l’intention de divers acteurs en commençant par ceux intervenant dans les aires de santé de Bubanza II et Mpanda en province sanitaire de Bubanza, les aires de santé de Murambi et Ndava en province sanitaire de Cibitoke.
 
Les premiers pas sont toujours difficiles
 
Lors de ces descentes dans les deux provinces sanitaires, l’Expert en FBP Communautaire a eu l’opportunité de faire une présentation sur l’état des lieux de chaque aire de santé concernée. Il a tenu à partager l’expérience des provinces déjà encrées dans le système FBP communautaire depuis quelques années, où au lancement de l’approche au niveau communautaire, des malentendus n’ont pas manqué, mais ont été progressivement résorbés.
 
Ainsi, il n’était pas rare que les membres des COSA tentent de « confondre » leur travail avec celui des ASC, autant que les mamans lumières affirmaient « combiner leur rôle avec celui des membres des COSA ».
 
Quant au coordinateur provincial de vérification et validation (CPVV Bubanza), il a, lors de ces échanges, fait part des principaux constats observés sur terrain lors de la première vérification des prestations des GASC en citant notamment (1) l’absence de registres des GASC, ce qui rend difficiles les déclarations et, (2) une mauvaise déclaration des prestations des GASC.
Au terme de ces présentations, les échanges qui ont suivi se sont révélés fructueux et ont permis une harmonisation dans la compréhension des rôles et responsabilités des acteurs. Il a été partagé à l’assistance que lors des premières prestations des GASC dans les anciennes provinces, il avait été recommandé aux CPVV de faire la vérification chaque fois qu’il y a la moindre source de vérification des déclarations faites par les GASC, même dans des cas où il n’y avait que des cahiers de rapportage des ASC en l’absence de registres standards. Il a en outre été inspiré au coordonnateur de l’équipe des vérificateurs du CPVV de s’en inspirer pour éviter toute sorte de découragement des GASC en début de contractualisation.
 
Que conclure ?

Les acteurs impliqués, leurs missions et interactions ont permis aux participants de mieux comprendre le montage institutionnel du FBP Communautaire et le principe de la séparation de fonctions. Ce sont les interventions faites et les questions d’éclaircissement posées qui ont confirmé ces constats.
 
Il importe de produire et diffuser des émissions portant sur d’autres thématiques, entre autres sur (1) le paquet des prestations par niveau de soins : GASC, CDS, Hôpitaux Communaux, Hôpitaux de district et la référence des cas, (2) la carte sanitaire et le concept de Plan d’Extension de la Couverture Sanitaire, (3) le FBP Communautaire et sa valeur ajoutée, (4) les mécanismes mis en place dans le secteur santé de gestion des plaintes et conflits éventuels, etc...
 

Par Célestin HICUBURUNDI
Expert en Communication
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