VERS L’ORGANISATION DU CONCOURS QUALITE DANS LES FORMATIONS SANITAIRES


Une équipe de rédacteurs de votre bulletin s’est rendu dans les formations sanitaires qui bénéficient de l’appui de la Coopération Allemande (GIZ) en management qualité notamment Shumba, Bukeye, Giko et Kaniga en province sanitaire de Muramvya. Dans la province sanitaire de Gitega,où les préparatifs de démarrage des activités en en management qualité sont en cours, par la même organisation, l’équipe a visité les centres de santé Makebuko et Bungere. Des résultats encourageants notamment en matière de l’accueil, l’hygiène, le planning familial, la participation communautaire sont observables dans la plupart des centres de santé visités. Cependant, des efforts doivent être déployés pour améliorer la qualité globale par le renforcement de l’esprit d’équipe, l’engagement et le leadership.
L’objectif de la mission est d’observer les bonnes pratiques enregistrées dans certaines formations sanitaires et sensibiliser les autres responsables à s’en approprier et surtout se préparer à participer dans la compétition lors du prochain concours qualité des soins prévu dans le manuel de mise en œuvre du FBP.

Rappel du Cadre contextuel

Dès le début de l’année 2017, le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida a démarré la mise en œuvre du Financement Basé sur la performance (FBP) centré sur l’amélioration de la qualité des services et la levée des goulots d’étranglement identifiés dans le secteur de la santé au Burundi. Dans ce cadre, le manuel des procédures de mise en œuvre du FBP seconde génération préconise l’organisation d’un concours qualité semestriel sur base d’un échantillon des Centres de Santé, des hôpitaux de District et de tous les hôpitaux nationaux.
A l’aide des grilles spécifiques, les dimensions portant sur la compétence technique des professionnels de santé (infirmiers au CDS, médecins et infirmiers au niveau de l'Hôpital), l'hygiène et gestion des déchets biomédicaux seront évaluées. La pratique des professionnels de santé fera objet d’une observation directe par les évaluateurs .De plus des interviews des patients à la sortie du Centre de Santé ou de l'Hôpital seront également réalisées.
Expérience de la GIZ en matière de concours qualité
GIZ a mis en place un système d’évaluation de la qualité basé sur un schéma avec quatre racines à savoir (i) roue de Deming, (ii) engagement (iii) esprit d’équipe (iv) participation communautaire. Ces racines doivent traverser cinq paliers allant de à A- E. La racine qui parvient au dernier palier aura réalisé des performances contrairement aux autres. Pour celles qui restent pendant, le support risque de s’atrophier. Selon les responsables de la GIZ, les quatre racines sont prises en considération lors de l’évaluation qualité. Les critères portent sur la compétition positive et la motivation.

Résultats de l’évaluation des CDS visités

En appliquant le système d’évaluation de la qualité de la GIZ aux CDS visités, il a été constaté qu’au CDS Bukeye la qualité des prestations allait jusqu’au niveau D. Au CDS Shumba, une seule racine va jusqu’au palier D tandis que d’autres restent au niveau C

Des résultats remarquables mais des efforts doivent être poursuivis

Selon les prestataires et les bénéficiaires rencontrés dans les formations sanitaires ci hauts mentionnés l’appui de la GIZ en matière de management qualité a été bénéfique.
Les prestataires ont découvert que l’auto évaluation est la stratégie qui permet d’évoluer sur une base solide. Chacun découvre ses lacunes et trouve des solutions adaptées et au moindre coût. Les bénéficiaires rencontrés disent être satisfaits des services offerts dans les centres de santé. La plupart des personnes rencontrées disent être mieux accueillis. Surtout les femmes enceintes.

Le service d’accueil a été amélioré.

Avant l’intervention de la GIZ, le service d’accueil n’était pas organisé de manière à offrir un service de qualité. Tous les patients se retrouvaient dans une même salle pour les différents services et les consultations se déroulaient en public. Ce manque d’intimité constituait un obstacle à la liberté d’expression des patients.
L’intervention de la GIZ à SHUMBA par exemple a permis un réaménagement de la salle où les patients peuvent cette fois ci être accueillis selon l’ordre d’arrivée. En outre, des paravents ont été installés permettant une orientation claire des patients vers les différents services. Les patients se dirigent directement vers les services appropriés et s’expriment en toute intimité avec les infirmiers.

Service de planification familiale mieux organisé

Au CDS SHUMBA par exemple, le service de Planification familiale dispose d’une une salle construite pour les jeunes non scolarisés, ce qui facilite l’interaction entre les pairs permettant ainsi la prise des résolutions par la plupart des participants aux séances d’animation.
La Directrice du Centre de Santé de Bukeye a quant à elle déclaré que le coaching de la GIZ en matière de planification familiale a permis aux prestataires d’améliorer les techniques d’animation et les participants aux séances optent pour une méthode de leur choix . Elle a ajouté que les délégués de l’église catholique organisent des séances d’animation sur le planning familial.

Hygiène est améliorée

Dans les centres de santé Shumba,Bukeye, Kaniga et Giko, la propreté a été améliorée suite aux interventions de la GIZ. Des incinérateurs ont été construits conformément aux normes suite à l’encadrement de la GIZ. Des matériels de protection individuels ont été achetés et des poubelles sont étiquetées de manière satisfaisante. Pour y arriver, des réunions sont organisées chaque matin et des responsabilités établies. Chacun connaît son cahier de charges et l’exécute à la satisfaction du groupe. A la fin de la journée, des évaluations sont faites et des corrections en temps opportun sont apportées.


Une cheminée de l’incinérateur du CDS SHUMBA a été allongée pour respect des normes
Concernant les centres de santé Makebuko, il a été constaté une amélioration au niveau de la propreté dans l’ensemble. Faudrait-il souligner que GIZ est en train d’étendre son expérience dans la province sanitaire de Gitega. Une formation sur les 5 S est en train d’être organisée à l’intention des titulaires des centres de santé du District KIBUYE

Archivage des documents une réalité

Les personnes rencontrées affirment qu’avant l’intervention de la GIZ, il était difficile de retrouver un document. Pour le moment les documents sont correctement archivés sur des étagères ce qui permet de retrouver facilement les documents rangés selon l’ordre chronologique.
Malgré ces résultats fort encourageants, force est de constater que des faiblesses sont encore observées. Des efforts doivent être déployés notamment en matière de leadership, engagement et le travail d’équipe,


Leadership
Dans certaines formations sanitaires visitées un climat de peur règne au sein du personnel à cause du style de direction. Des décisions sont parfois prises de manière unidirectionnelle et unilatérale. La direction inspire la crainte et se caractérise par un manque de transparence. Les demandes d’explication sont les seules modes de corrections et parfois cela crée un conflit latent, source de malentendu et du faible rendement.

Engagement et le travail d’équipe relativement faible

Dans certaines formations sanitaires, l’engagement et l’esprit d’équipe restent faibles. Cela se manifeste à travers le retard dans l’exécution des plans d’action, l’absentéisme de certains individus, la non restitution des décisions issues des réunions de service et le manque de partage des informations entre les différents services. La méconnaissance des cahiers des charges des collègues est aussi un handicap pour l’esprit d’équipe.

Appel vibrant aux formations sanitaires pour se préparer au concours qualité

Comme mentionné ci-dessous, les formations sanitaires sont donc appelées à doubler des efforts pour la qualité des soins et se préparer en conséquence vers le concours qualité. Force est de constater que l’amélioration de la qualité globale des soins et des services est le chemin le plus efficace pour obtenir un impact durable sur le système de santé. Les actions à mener doivent se concentrer sur les acteurs pour renforcer la confiance mutuelle, l’esprit d’équipe, le style de prise de décision participatif et l’engagement de tous et de chacun. L’expérience de la GIZ pourrait servir d’exemple aux autres et éventuellement aller au-delà.

LE FBP ET GRATUITE VUE PAR LES PRESTATAIRES ET LES BENEFICIAIRES

Sœur NDEREYIMANA Severa est titulaire du CDS BUKEYE. A ses yeux, la réforme FBP a beaucoup contribué au système de santé du Burundi. Le FBP a contribué à la mise en place d’une culture de redevabilité qui n’existait pas. La traçabilité financière est une réalité et est devenue une exigence dans tous les établissements sanitaires du Burundi. Aujourd’hui tout le personnel est au courant des recettes et l’affectation de ces dernières. La rigueur en matière de la gestion des fonds est une réalité dans la majorité des formations sanitaires.
Les réunions de service, de planification sont organisées et les procès-verbaux classés de manière thématique. Le PBF a renforcé les supervisions en termes de fréquence et de qualité. D’après notre interlocuteur, les évaluations de la qualité par les pairs devraient être organisées autrement pour minimiser les tricheries. Elle suggère plutôt à multiplier les évaluations improvisées.
Sœur Aline Ndayizeye est titulaire du CDS MUNANIRA. Selon ses dires, n’eut été le PBF, certains services seraient en grandes difficultés. Aujourd’hui, le centre de santé parvient à payer ses factures des médicaments, les salaires du personnel, l’entretien du centre de santé, d’honorer des engagements en matière d’investissement. Les services offerts dans le centre attirent l’affluence des patients.
Sœur Aline soulève cependant le faible niveau d’encadrement des prestataires sur la prise en charge des pathologies et de compétence en gestion financière. Les Districts sanitaires devraient organiser des sessions de formation en matière de gestion financière et intensifier l’encadrement.
MBONIMPA Christine est une bénéficiaire des services de santé. A ses yeux, la politique de gratuité est la meilleure de toutes les réformes prises par les autorités du pays. Selon elle, avant cette mesure, des difficultés énormes d’accès aux soins étaient ressentis à cause de manque d’argent. Les accouchements se faisaient à domicile à l’aide des accoucheuses traditionnelles dans des conditions difficiles. Elle précise que de ses sept enfants ils ne lui restent que trois dont deux sont morts pendant l’accouchement. Poursuivant son récit, elle précise que les accoucheuses traditionnelles réclamaient de l’argent. Parfois l’on était dans l’obligation de vendre la propriété pour honorer les engagements envers les acteurs communautaires. Cette situation conduisait le ménage dans une pauvreté extrême.
mimi mimaintenam
maintent

Avec la réforme de la gratuité des soins, les femmes enceintes se rendent dans les formations sanitaires à n’importe quelle heure et sont bien accueillies par les infirmiers qui font leur travail correctement. A la question de savoir si cette politique ne favorise pas les nombreuses naissances, Madame Christine répond par la négative. Au contraire elle précise qu’il faut sensibiliser les jeunes filles qui accouchent à l’âge précoce. Elle est très étonnée de voir une fille de quinze ans avoir un enfant. En outre elle suggère de sensibiliser les hommes et les femmes veufs qui pratiquent le vagabondage sexuel.

Propos recueillis Sakaganwa Jean Pierre



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